Former autrement pour entreprendre solidairement
Leçon 13 Les prévisions financières
Dans cette leçon :
Le calcul des prévisions financières
Une question demeure non répondue : le projet est-il viable financièrement?
L’entreprise sociale se veut durable dans le temps, et pour cela elle doit être viable financièrement : ses revenus doivent au moins couvrir ses charges. C’est à cette condition que la réalisation de la mission sociale peut se poursuivre.
Elle cherche aussi à dégager un excédent pour permettre l’expansion de l’entreprise et ainsi accroître les impacts. Mais ce surplus demeure un moyen et non une fin, contrairement à l’entreprise capitaliste pour qui un projet économiquement viable peut ne pas être lancé si le taux de profit est jugé insuffisant.
En même temps, tout excédent peut servir à améliorer raisonnablement les conditions de vie des partenaires de l’entreprise, entrepreneurs et travailleurs.
13.2Le calcul des prévisions financières
Les prévisions financières se calculent dans un tableur. Ce modèle général de prévisions financières pour entreprise sociale permet de :
•déterminer si un projet d’entreprise sociale est viable économiquement;
•évaluer le besoin de financement pour les investissements et le fonds de roulement, compte tenu des coûts et des revenus;
•élaborer et argumenter une proposition à des investisseurs sociaux;
•calculer la valeur ajoutée, c’est-à-dire la richesse nouvelle produite par l’entreprise et montrer comment elle est répartie entre tous les acteurs.
Ce fichier excel comporte les onglets suivants :
•Hypothèses : donne certaines valeurs hypothétiques dont dépend le reste des calculs, par exemple, taux de productivité, prix des biens vendus, taux de rémunération, etc.: en mettant toutes ces valeurs à la même place il est plus facile de les modifier pour voir les conséquences sur tous les calculs.
•Production : donne les quantités de biens produits dans le temps, si possible par mois la 1ère année, par année pour les 2 à 5 années suivantes.
•Ventes : estime les ventes futures pour les mêmes périodes, selon la Taille du marché évaluée, et calculées sur la base des quantités vendues et du prix de chaque produit.
•Coûts variables : calcule les coûts qui varient avec la quantité de biens produits; il importe de distinguer les coûts variables externes (par exemple les matières premières achetées), et les coûts variables internes (par exemple la rémunération des travailleurs journaliers). Cette distinction sera nécessaire pour pouvoir calculer la valeur ajoutée de l’entreprise. Chaque élément de coût s’exprime sur 4 colonnes, comme une quantité d’une certaine unité multipliée par un coût unitaire. Éventuellement, les éléments de coût sont rattachés à une gamme de produits.
•Coûts fixes : calcule tous les coûts indépendants de la quantité de biens produits (par exemple le loyer, la rémunération du personnel de gestion); il est aussi nécessaire de distinguer entre coûts externes et internes, et utile de sous-diviser les coûts par leur fonction dans l’entreprise : production, achat, vente, administration.
•Investissements : donne les coûts des équipements (machines, ordinateurs, mobilier de bureau, etc.), et autres biens durables (bâtiments, terrains,...), dont la valeur ne peut être imputée à la seule année de l’achat, mais répartie (amortie) sur plusieurs années.
•Résultats : montre pour la 1ère année et les 2 à 5 années suivantes si le projet est viable, c’est-à-dire si après un certain temps, les revenus couvrent au moins toutes les dépenses et permettent de générer un excédent. Ce tableau met en évidence les soldes intermédiaires de gestion.
•Trésorerie : montre mois après mois si l’entreprise est capable avec ses entrées de fonds de payer toutes ses dépenses. Ses entrées de fonds proviennent de ses ventes, des apports de ses fondateurs et investisseurs initiaux, de subventions obtenues, etc. Du coup cet onglet permet de déterminer le montant exact du financement dont l’entreprise a besoin.
•Proposition : présente la proposition que l’entreprise peut faire à tout nouvel investisseur social dans l’entreprise : montant demandé (déterminé à l’onglet trésorerie), délai du remboursement en fonction du taux négocié, prévision de rémunération selon le taux dégressif fixé dans la mousharaka, et donc rendement financier de l’investissement : c’est l’application pratique de la finance sociale.
•Valeur ajoutée : alors que pour l’entreprise capitaliste seul le solde positif ou négatif de l’état des résultats l’intéresse, (le « bottom line » à encre noire ou rouge), pour l’entreprise sociale, le résultat financier se mesure d’abord par la richesse nouvelle créée par l’entreprise, telle que mesurée par sa valeur ajoutée (en gros ses ventes moins tous ses achats à l’extérieur), et par la répartition de cette valeur ajoutée entre les charges internes, les investisseurs, les entrepreneurs et les travailleurs de l’entreprise.
Ces prévisions financières permettent de calculer le seuil de rentabilité.
Le seuil de rentabilité indique les ventes à réaliser pour couvrir toutes les charges normales de l'entreprise. Au-delà de ces ventes, l'entreprise commence à faire un bénéfice.
Pour calculer ce seuil, deux informations sont nécessaires :
•le total des coûts fixes de l'entreprise, ce qui requiert de faire la différence entre coûts fixes et coûts variables comme cela est fait dans le modèle des prévisions financières;
•la marge sur coûts variables, c'est-à-dire le surplus du chiffre d’affaires sur les charges variables (matières premières, travail supplémentaire, ...).
Ce chiffrier permet de calculer le seuil de rentabilité, pour déterminer les ventes minimales et/ou le nombre de produits à vendre pour au moins couvrir les charges de l’entreprise.
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