Former autrement pour entreprendre solidairement

Leçon 15    L’évaluation

Dans cette leçon :

L’évaluation par les objectifs propres

L’évaluation par les impacts

Grille d’évaluation

L’entrepreneuriat social est présenté ici comme un type idéal, comme un modèle. Dans la réalité toute entreprise ne réalise jamais complètement cet idéal : à un moment donné, une entreprise est toujours plus ou moins sociale, compte tenu des limites internes et du contexte hostile.

L’important est qu’elle cherche à s’approcher du modèle. L’évaluation vise à mesurer la progression vers ce modèle.

La direction de l’entreprise a la responsabilité de réaliser de cette évaluation.

L’évaluation se fait à deux niveaux, par rapports aux objectifs particuliers de l’entreprise, et par rapport aux impacts sociétaux générés.

15.1L’évaluation par les objectifs propres

Le plan d’affaires fixe les objectifs propres de l’entreprise, à atteindre au terme d’une période déterminée. Ces objectifs concernent sa mission, sa situation financière et son fonctionnement.

L’évaluation compare les résultats obtenus avec les résultats atteints, exprime dans quelle mesure ces objectifs ont été atteints, explique les écarts négatifs, propose des mesures correctives.

La réalisation de sa mission

Dans quelle mesure l’entreprise sociale a-t-elle par ses produits et services amé­lioré effectivement les conditions de vie des couches populaires auxquelles elle s’adresse? Répondre à cette question est essentielle puisque c’est la raison d’être de l’entreprise. Les éléments de réponses portent sur :

la quantité, la qualité et le respect des délais des produits et services sociale­ment utiles qui ont été offerts pendant la période;

leur accès et leur utilisation effective par les clientèles visées et sur les terri­toires ciblés;

l’efficacité et l’efficience des opérations internes (production, distribution, promotion, livraison);

la rigueur dans les divers aspects de la gestion.

La viabilité économique

La pérennité et l’essor de l’entreprise sociale dépendent de sa capacité à être viable économiquement et financièrement tout en réalisant sa mission sociale. Il faut donc évaluer cette viabilité.

L’entrepreneuriat capitaliste se fait un point d’honneur de se perdre dans une profusion de ratios financiers d’une utilité fort relative.

En entrepreneuriat social, une pratique suffisante est de focuser sur l’essentiel : la liquidité. La viabilité de l’entreprise sociale est donc d’abord liée à son niveau de liquidité. Tant que l’entreprise paie ses charges, elle demeure en vie et tout espoir est permis.

La liquidité étant assurée, un autre critère d’évaluation peut être considéré : le surplus ou bénéfice net dégagé permettant la croissance et la diversification de l’entreprise sociale, et donc la réalisation de sa raison d’être sociale.

La démocratisation

La mesure dans laquelle la démocratisation associative s’est développée au sein de l’entreprise constitue le troisième domaine d’évaluation par les objectifs. Les indicateurs portent alors sur :

le fonctionnement réel des institutions participatives : nombre de réunions régulières des diverses instances, présences;

la qualité des réunions : préparation, participation effective.

15.2L’évaluation par les impacts

De par sa mission générale, l’entreprise sociale cherche aussi à produire des impacts sur sa société et son environnement.

Les impacts sociétaux et environnementaux sont les effets sur les différentes dimensions de la société du fait de la poursuite par l’entreprise de sa mission spécifique.

Les différentes catégories d’impact sont les suivantes.

Impacts économiques

valeur ajoutée : la contribution de l’entreprise à l’augmentation de la richesse nationale, la comptabilité devant permettre de la calculer;

augmentation de la capacité de production : par la création et la transmis­sion d’actifs productifs (équipements, outils, savoir-faire documenté);

emplois créés : directs et indirects;

auto-suffisance économique du pays : réduction de la dépendance alimen­taire, énergétique, sanitaire, etc.;

développement endogène intégré : développement d’un réseau d’entre­prises nationales et régionales inter-reliées, fournisseurs et clientes les unes des autres;

collaboration économique internationale : accords internationaux librement négociés et mutuellement avantageux.

Impacts sociaux

amélioration des conditions de vie matérielles du peuple;

augmentation de la quiétude, diminution de la crainte du lendemain;

réduction des inégalités de revenus et de patrimoine entre classes sociales, sexes, territoires.

Impacts culturels

promotion des comportements et des valeurs de responsabilité et de solida­rité.

Impacts environnementaux

contribution à la lutte contre le réchauffement climatique;

réduction du gaspillage et de la pollution;

préservation de la bio-diversité.

Impacts politiques

démonstration d’un modèle alternatif non capitaliste d’organisation écono­mique démocratique;

formulation d’éléments d’un programme alternatif de gouvernement popu­laire (loi de l’entrepreneuriat social);

incitation à appliquer la démocratie participative hors des lieux de travail, dans les milieux de vie (assemblées et conseils de village, de quartier), et les communautés d’intérêt (associations autour de tout enjeu sociétal : écologie, femmes, art, ...).

Impacts individuels

élévation du niveau de conscience et de connaissances critiques du système en place;

accroissement du désir d’engagement social responsable;

généralisation d’une culture éthique;

développement de l’autonomie individuelle.

15.3Grille d’évaluation

Ce tableau sert de grille d’évaluation.

Les indicateurs d’évaluation sont regroupés en cinq catégories, avec pour cha­cun, une notation numérique (de 1 à 5 par exemple) et des commentaires quali­tatifs pour l’appréciation.

On peut ainsi donner une mesure dans laquelle une entreprise qui affirme s’engager dans la voie de l’entrepreneuriat social peut effectivement se quali­fier de sociale (indépendamment des critères de viabilité économique, à évaluer séparément).

 

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